Automobile : l'impact de la crise des semi-conducteurs
L’épidémie Covid-19 a provoqué une pénurie mondiale de semi-conducteurs, des puces électroniques indispensables pour la fabrication des voitures modernes. En effet avec la généralisation du télétravail, les individus se sont rués sur les articles de bureautique tels que les ordinateurs portables, les smartphones, les tablettes,…etc. De l’autre côté, la demande de voitures a reculé au début de la pandémie. Les fabricants de semi-conducteurs sont concentrés en Asie, principalement à Taiwan et un peu en Corée du Sud. Ceux-ci ont priorisé la production à destination de matériels électroniques au détriment du secteur automobile. Très vite, ce choix a posé problème aux constructeurs de véhicules lorsque la demande a repris son cours normal au printemps dernier. Depuis, l’industrie subit une pénurie de semi-conducteurs.
La conséquence ? Des sites de production automobile situés dans le monde entier, y compris en France, voient leur production réduite faute de stocks suffisants. De nombreuses usines automobiles multiplient les arrêts, avec des fermetures pendant plusieurs semaines.
Qu’est-ce que les semi-conducteurs ?
Les semi-conducteurs sont des matériaux qui peuvent conduire de l’électricité dans certaines conditions mais pas dans d’autres, ce qui permet de contrôler un courant électrique.
Tous les systèmes informatiques modernes sont composés de ces petites puces de silicium qui permettent de faire circuler des informations dans leurs circuits. Plus petit qu’un grain de sable, ils sont donc beaucoup utilisés pour les appareils électroniques mais également pour les tableaux de bord des voitures, et ils sont devenus un composant essentiel dans toutes les nouvelles voitures. Pour avoir un ordre d’idée, un véhicule de base est composé d’environ 1 400 puces.
Qui sont les fabricants de semi-conducteurs ?
Il existe trois types de fabricants de semi-conducteurs :
Les entreprises comme Intel, Samsung, SK Hynix et Micron, qui conçoivent et fabriquent les puces électroniques dans leurs propres usines.
Les entreprises comme Qualcomm, fournisseur en puce d’Apple, qui conçoivent et commercialisent les semi-conducteurs, mais sous-traitent la fabrication à des sociétés de fonderie.
Les fonderies, comme TMSC, qui fabriquent les semi-conducteurs.
Prise de conscience de l’Europe
Avec la pénurie des semi-conducteurs provoquée par la crise sanitaire, plusieurs filières sont à l’arrêt. Cette crise a accéléré la prise de conscience européenne d’une dépendance trop importante de l’étranger, principalement des pays asiatiques, pour différents biens indispensables, tels que les semi-conducteurs.
Ainsi, l’Europe souhaite produire elle-même des puces de dernière génération (5nm et 2nm) avec une usine à 30 milliards de dollars. Pour cela, l’Union européenne veut créer une alliance industrielle qui regroupe les principales entreprises et centres de recherche européens dans le domaine. L’objectif est de doubler le niveau de production d’ici 2030, en passant de 10% à 20% des parts de marché.
Comment ont réagi les constructeurs ?
Tous les constructeurs n’ont pas réagi de la même manière face à cette crise. Ceux qui ont développé des relations étroites avec leurs fournisseurs sont moins pénalisés.
Toyota : Le constructeur Japonais a été le premier constructeur automobile à ajuster son système de chaine d’approvisionnement et à stocker davantage les composants critiques comme les semi-conducteurs. A noter également que la plupart des fournisseurs de Toyota sont des sociétés japonaises, ce qui permet au gouvernement du Japon de disposer d’un plus grand contrôle sur elles. Ainsi, la stratégie de Toyota a porté ses fruits et le constructeur souffre moins de la pénurie des semi-conducteurs que ses concurrents.
Tesla : Afin de gérer cette pénurie, Tesla a développé une nouvelle version de son logiciel, qui permet de s’adapter aux microprocesseurs de différents fabricants. Le constructeur peut donc produire ses véhicules avec des puces disponibles sur le marché, peu importe le fournisseur. Ainsi, Tesla ne repose plus sur un seul et unique fournisseur.
Stellantis : Né de la fusion entre PSA et FCA, ce groupe a fait le choix de repasser au compteur à aiguilles. Stratégie de contournement ingénieuse qui permet d’utiliser moins de semi-conducteur lors de la production.
Audi : La pénurie de semi-conducteur a contraint Audi à mettre plus de 10 000 ouvriers au chômage technique, et de réduire sa production. Le résultat : la production des Audi A4, A5, A6 et A7 est perturbée.
Ford : Le constructeur a été obligé de réduire sa production dans de nombreuses usines américaines et européennes. Il s’agit d’un des constructeurs les plus touchés, qui a même indiqué fin avril dans un communiqué "s’attendre à perdre environ 50% de la production prévue au deuxième trimestre, contre 17% au premier".
Hyundai-Kia : Le constructeur automobile a continué à acheter des puces lorsque ses concurrents ne le faisaient plus. Ainsi, ses lignes d’assemblages continuent de fonctionner et Hyundai est moins touché que les autres constructeurs. Cependant, après un premier trimestre en hausse, Hyundai-Kia commence à être touché au mois de mai et a même dû ralentir la production de certaines voitures.
Renault : Le constructeur français a fait le choix de supprimer l’instrumentation numérique grand format sur le tableau de bord de certains modèles, dont la Mégane et le Captur. En effet, de nombreuses usines ont dû fermer pendant des semaines entières, et ainsi au moins 100 000 voitures Renault ne pourront pas être vendues en 2021.
Volkswagen : Le constructeur n’a pas été en mesure de fabriquer 100 000 voitures en raison de cette crise.
Honda : La pénurie impacte les ventes à hauteur de 100 000 unités, en arrêtant à plusieurs reprises sa production.
Ce qu’il faut retenir
La crise des semi-conducteurs est apparue dans le cadre de l’épidémie de Covid-19. En effet, les fabricants de ces puces de silicium ont priorisé l’approvisionnement des groupes informatiques au détriment des constructeurs automobiles. Ainsi, nombreuses sont les usines automobiles qui ont dû arrêter leur production. La conséquence : des retards de livraison plus ou au moins importants selon le constructeur.
Le cabinet AlixPartners a estimé que les fabricants de voitures pourraient perdre 110 milliards de dollars en 2021 à cause de cette crise de semi-conducteurs. Les spécialistes estiment que cette pénurie aura encore des impacts en 2022 voire même en 2023.
N'hésitez donc pas à anticiper vos commandes et renouvellements de véhicules pour l'année.
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